Milena Jeliazkova, l’une des chanteuses des Balkanes, revient sur le projet. “L’idée était de construire un album de compositions originales mêlant des inspirations arméniennes anciennes et des voix typées. André cherchait des voix bulgares parce que c’est certainement ce qu’il y a de plus original dans les traditions vocales. Nous avons un placement particulier, des frottements sonores, une force particulière.” Les performances des Balkanes permettent d’apprécier la richesse de chant, né en pleine nature, qui portent les voix à des fréquences et dans des résonances bien différentes du chant occidental. “C’est un massage intérieur, on a l’impression que tout le corps vibre.” Celui pour qui le travail d’un musicien "est de communiquer l’âme de sa tribu au-delà", s'est donc pleinement investi dans la mission qu’il s’est confectionné sur mesure.
Sur scène, le quartet présentera des instruments typiques du jazz (piano, contrebasse, batterie, saxophone), de la musique occidentale (violoncelle) et donc de l’Orient, avec, en guest-star aux côtés des Balkanes, un doudouk arménien (ou duduk). “Une sorte de hautbois oriental, l’instrument le plus proche de la voix humaine” précise André Manoukian. Ce concert est aussi une évocation des origines de son père, né à Smyrne en 1920. “Il y avait un mélange de populations et de cultures qui en faisait la ville la plus gaie du monde. Je veux chanter ce cosmopolitisme idéal.”