Avec sa kyrielle de tronçonneuses, Cyrielle donne une seconde vie aux ar(t)bres !

C’est dans le jardin d’une belle maison champêtre de Poix-de-Picardie que nous rencontrons Cyrielle. Des sculptures en bois prennent vie sous ses tronçonneuses. «J’ai commencé avec une meuleuse avant de me rendre compte que c’était super dangereux, bien plus qu’une tronçonneuse !». La Samarienne a commencé son activité en 2016 un peu par hasard. «J’étais dans un jardin, il y avait une tronçonneuse qui traînait là, j’ai fait ma curieuse, j’ai demandé comment ça fonctionnait et puis voilà ! J’ai fait mon tout premier lapin sur un morceau de thuya. Les gens ont apprécié donc j’ai décidé de continuer.» Depuis, elle consacre la plu-part de ses week-ends à sa nouvelle vocation. Ayant fait ses armes à la fac d’art d’Amiens, la sculptrice a toujours été attirée par la création artistique. «Je suis un peu touche à tout ! Je dessine beaucoup, je peins un peu, j’ai essayé le plâtre, le béton, la sculpture en grillage. J’aime découvrir de nouvelles pratiques.» Sa thématique en master était La violence en soi. Découper des arbres à la tronçonneuse tombait alors sous le sens ! «C’est une sorte de catharsis pour moi, c’est un travail éprouvant mais qui au final produit du bonheur».

Pour transformer le bois, Cyrielle a une technique bien à elle. Elle commence par s'inspirer en observant des modèles. Puis, à l’aide d’une bombe de peinture, elle place des marques de coupure. Après les premières découpes, elle retravaille le tout pour les détails plus précis. Elle vient vernir le haut et le bas de la sculpture afin qu’elle ne se détériore pas dans le temps. Si besoin, elle ajoute de la peinture.

Il est difficile pour un néophyte de passer d’un tronc d’arbre à une œuvre d’art mais Cyrielle possède une aptitude qui lui rend la tâche plus facile. «Je suis dyslexique, je n’ai pas été diagnostiquée tout de suite. Les dyslexiques ont une plus grande aptitude à voir les choses en trois dimensions».

La sculptrice a tout un arsenal de tronçonneuses : des petites, des grandes et une spécialement destinée à la sculpture. La sécurité est son maître mot, elle ne s’attaque jamais au bois sans casque, gants, pantalon anti-coupure et chaussures de sécurité. «En réalité, je suis trop équipée pour ce que je fais, mais au moins je ne cours aucun risque».

La Picarde sculpte beaucoup d’animaux : chouettes, lapins, chevaux et même son toutou ! Elle s’essaye aussi parfois à l’abstrait. Certains clients ont parfois des demandes particulières comme des représentations de Yoda, Groot, des totems amérindiens ou encore le fameux droïde R2D2. «Quand un client vient me voir, je lui fais d’abord un schéma de ce à quoi va ressembler l'œuvre finale, puis on valide ensemble. C’est un réel plaisir pour moi de voir la satisfaction du client quand je lui remet sa commande.»

En juin 2021, Cyrielle a travaillé sur un projet d’envergure à Hesdin (Pas-de-Calais). Elle a sculpté directement un tronc de peuplier malade encore enraciné de 4m de haut. «C’était un défi intéressant, j’étais sur un échafaudage et je tournais autour du tronc. C’était un peu dangereux ! Je n’en avais qu’un, je devais donc le déplacer à chaque fois, pas très pratique !». En résulte, une fée trônant sur un champignon, en hommage à la ville allemande de Brillon, jumelée à Hesdin, dans laquelle se trouve aussi cette sculpture.

Avec sa kyrielle de tronçonneuses, tout y passe ! Animaux, personnages de films ou œuvres abstraites, la sculptrice est une touche à tout et n’a pas fini de donner un second souffle de vie au bois ! .

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Rédaction : Ryad Hammoud
Photos : Léandre Leber