Mais il garde les pieds sur terre dans ce milieu “difficile, assez concurrentiel, où les gens ne sont pas toujours sincères. Il faut esquiver les fausses promesses, les faux espoirs” et ne pas lâcher. “Quand on bosse beaucoup, ça vient” assure celui qui savoure aussi l’instant présent. “Les belles années de la compagnie, on les vit maintenant. Et j’espère qu’elles vont durer et que ça va embarquer le public, d’autres structures culturelles, des comédiens, des musiciens, des techniciens. Tout ça, c’est de l’emploi aussi, l’économie du spectacle génère de l’argent, même si on sait surtout combien ça coûte… La culture rapporte aussi, c’est important ! Même si vivre dans la dignité, avoir un toit sur la tête, mourir dans des conditions acceptables, c’est plus important.”
Ne pas se prendre pour ce qu’on n’est pas, rester à l’écoute des changements sociétaux sont également des leitmotive pour Olivier Mellor : “toutes les problématiques autour du genre, c’est des trucs qui me dépassent complètement. Mais j’ai une fille de treize ans qui me recadre assez régulièrement sur le sujet. Parce qu'aujourd'hui, c’est important. Le rapport aux écrans aussi. Quand j’avais dix ans, c’était : tu vas jouer dehors ! Aujourd’hui, pour faire jouer mes gosses dehors, c’est la croix et la bannière ! Parce qu’ils sont connectés, ils ont ce qu’il faut. Leur monde est vaste, mais il tient dans un petit truc. Nous, le monde était un peu plus petit mais on avait un horizon. Ce que j’aime bien chez les jeunes, c’est quand il y a un horizon, qu’on ne voit pas jusqu’au bout…”
Pas étonnant qu’il dise aimer avant tout “être surpris : c’est plus intéressant qu’un truc qu’on connaît déjà. Je fais ce métier pour ça, parce que je pense qu’il est surprenant jusqu’au bout !” Une bonne surprise serait de faire des tournées à l’étranger. “Je ne désespère pas. On a déjà joué en Belgique. Mais au sud de la Loire, c’est bien aussi ! Même si avec L'Établi, le décor fait quatre tonnes, c’est compliqué à bouger. Mais je défends ça, je fais du théâtre avec du monde, ça permet de s’attaquer à des pièces qu’on ne peut pas faire si on est seulement deux ou trois. Et du coup, on peut traverser beaucoup de choses, des jours où ça va moins bien… Mais on fait des grosses soirées, on fête beaucoup…”
Ce n’est sûrement pas terminé puisque la Compagnie du Berger fêtera ses trente ans en 2023. Et Olivier Mellor ses 50 printemps…