La Compagnie du Berger met en scène Les Apologues d’Alain Knapp 

Les  Apologues est une pièce écrite par Alain Knapp, qui fut le professeur d’Olivier Mellor, fondateur de la Compagnie du Berger et metteur en scène de la pièce jouée au Centre Culturel Jacques Tati. L’homme de théâtre se réclame de la filiation de Knapp. “La Compagnie du Berger, et sa méthode si il y en a une, existent grâce à lui. Des décennies plus tard nous nous croisons toujours avec joie et respect et c’est un honneur de mettre en scène ses Apologues” explique l’artiste. Un beau clin d'œil de l'élève au maître qui a mis en scène sa pièce à l’humour cinglant avec brio. 

Les Apologues mis en scène par la Compagnie du Berger est une série de 5 pièces (originalement 12) “courtes et drôles" mettant tantôt en scène un couple de retraités qui péchera par excès de curiosité, des amants à la plage tentant de sauver les apparences, ou encore un chirurgien médiocre roulé par son conseiller fiscal. Somme toute, des personnages assez banals. Les rires se font entendre dans la salle, motivés par le spectacle du vide moral que prêtent à voir ces messieurs et madame tout le monde. Une satire absolue où tout y passe. La plume trempée dans l’acide de Knapp et la mise en scène au vitriol de Mellor n’épargne personne et met en pièces la vacuité et la petitesse du genre humain, toujours, avec un humour décalé. Alain Knapp se réclame de Brecht, Thomas Bernard, Molière… Ces courtes pièces sont un savant mélange de toutes ces influences. 

Le metteur en scène amiénois définit ces Apologues comme un “petit précis d’humanité où tout le monde y passe, politiques, petits bourgeois, retraités, jeunes, sportifs, commerciaux etc.” On passe du sublime au banal en un claquement de doigt. Dans la première pièce : Une Connaisseuse, un débat sur “les vrais artistes” et sur le sens de l’art entre une Martine Muller-Bosquet déglingo (interprétée par Fanny Soler) et Elisabeth (Marie Laure Boggio) est interrompu par la fadeur de la passion du mari de Martine (Stephen Szekely) pour Roger Federer et l’insignifiance d’une histoire de tromperie.

Chaque pièce est entrecoupée par une césure musicale, dans laquelle les protagonistes chantent aux rythmes des guitares d’Olivier Mellor, de François Decayeux et de la contrebasse de Séverin “Toskano” Jeanniard. 

Voilà 29 ans que la Compagnie du Berger, installée depuis 2009 a Amiens fait vivre l’art dramatique sur le territoire samarien. Avec 36 spectacles à son actif, le collectif fêtera sa troisième décennie d’existence l’année prochaine avec ferveur. Un anniversaire qui s’annonce riche en représentations avec à l’affiche, toujours des pièces d’Alain Knapp mais aussi Jean Racine ou encore Victor Hugo… 

Il ne vous reste que peu de temps pour assister à ce spectacle, drôle, incisif, qui secoue et ne peut laisser indifférent... Une intégrale se tiendra aujourd’hui (19 octobre) à 19:30, demain (20 octobre) sera proposé le programme A (première partie de la pièce) à 10h et la suite à 14h30.

Ryad Hammoud 

Crédit photo : Ludo Leleu - Compagnie du Berger