Les jeunes artistes amiénois exposent

En entrant dans une agence immobilière, on ne s’attend pas, à priori, à croiser des œuvres d’arts. Pourtant, Ghanya Meunier, directrice de l’enseigne immobilière Stéphane Plaza rue Flatters et amatrice d'art, a décidé en 2017 de s'approprier l’espace de son lieu de travail. Et pourquoi pas la transformer en galerie d'art ? L’aventure commence fin 2017, accompagnée de deux amies, avec lesquelles, elle forme le collectif Regard d’Arts : Ellès Kattar-Luttikhuis sculptrice et médiatrice culturelle et Corine Duvauchelle, professeure de mathématiques et artiste-calligraphiste. Après moultes expositions le collectif nous présente aujourd’hui la dernière au sein de l’agence.  

A l’occasion de cette dernière exposition “Les enfants de l’art - Artistes de demain”, le collectif a eu à cœur d'exposer des jeunes artistes amiénois âgés de 11 à 25 ans “Dans cette période difficile pour le monde de la culture et de l’art, on a voulu redonner confiance aux jeunes artistes, leur prouver qu’ils avaient un avenir et qu’ils pouvaient croire en demain” explique Ghanya Meunier. Les trois femmes du collectif ont laissé à chacun des artistes en herbe, un espace leur permettant d’exposer selon leur envie “On leur a laissé carte blanche, on voulait qu’ils s’approprient l’espace” souligne Ellès Kattar-Luttikhuis. 

Dans chaque zone attribuée à un artiste est suspendue par un fil presque invisible, un cartel sur lequel le jeune se présente et explique sa vision de l’art. La petite Nayla, 11 ans, raconte avec une certaine candeur que "L'art est une façon de s'évader du monde, des personnes qui nous entourent, des problèmes de la journée. C'est aussi un moyen de s'exprimer, de partager son bonheur, ses malheurs.” Théo Legoix, 19 alias Telemak quant à lui, nous livre l’éclosion de sa pensée artistique : “La plupart du temps, je n'essaie pas de transmettre quoi que ce soit sciemment. Je me concentre uniquement sur ma pensée arborescente qui ne me ramène jamais là où j'ai commencé."

Ghanya Meunier et Ellès Kattar-Luttikhuis

Chaque artiste a sa patte et son mode de création bien à lui. Dans l’entrée de l’agence nous tombons premièrement face aux œuvres de Théodore  Devimes, directeur artistique et illustrateur. Il nous propose des sérigraphies inspirées de l’art japonais traditionnel. Un peu plus loin, on retrouve les travaux de Cyrielle Deblangy, alis Cyrioull , illustratrice qui attache beaucoup d’importance à l’harmonie des couleurs. Son univers est coloré et joyeux. En nous retournant nous faisons face aux collages, pour la plupart, engagés de Maeva Desvarieux. Des collages rétro et teintés de surréalisme qui dénoncent les dérives de notre société. Dans une autre pièce, qui est le bureau de Ghanya Meunier, se trouvent les œuvres de Rémi Lopez, 18 ans. Le jeune artiste utilise un support assez original puisqu’il travaille beaucoup sur verre mélangeant le dessin et la peinture. Ses créations rappellent les vitraux d’églises et sont imprégnées de culture sud-américaine. Telemak, quant à lui, a une pièce qui lui est dédiée “Il peint avec son âme, ses tripes” explique Ellès. Les oeuvres de Telemak sont empreintes d’un certain tourment qui se traduit par une forte utilisation du noir. Un de ses tableaux représente un vieil homme étrange qui semble nous suivre de son regard intriguant. Il a aussi tiré le portrait du célèbre fondateur des Pink Floyd, Syd Barrett, artiste au destin maudit. 

Ces artistes amiénois sont de toute évidence bourrés de talent. Le pari est réussi pour la dernière exposition au sein de l’agence du collectif Regard d’Arts. “Nous sommes très fiers puisque chaque jeune exposé a vendu au moins une œuvre.” explique Ghanya Meunier. Il est fort à parier que même si le collectif n’exposera plus au sein de l’agence, nous les retrouverons d’ici peu dans un autre espace où elles partageront leur amour de l’art. Le monde de la culture et de l’art amiénois n’a pas à s'inquiéter, la relève est assurée.

Ryad Hammoud 

Reportage et photos : Léandre Leber - Dicilà