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Julien Guyard franchit la porte des étoiles

Le 04/05/2022 0

Dans Ma petite entreprise

Julien Guyard a fait de sa passion d’enfance pour la série Stargate son métier. À Villers-Bretonneux, sa société Atlante Props restaure des objets et fabrique des décors pour le cinéma et... pour des séries!

Quand il nous reçoit, à la pépinière d’entreprises de Villers-Bretonneux, il est de passage dans son atelier. Depuis l’automne dernier, Julien Guyard, trentenaire plasticien FX, spécialisé dans les effets spéciaux, saute d’une convention à l’autre. «Au FedCon, à Bonn, en Allemagne, l’une des plus grosses en Europe, ils ont loué mes décors, une source de revenus pour moi, avec la restauration d’objets. Puis je suis allé à Agen, à Nîmes et début mai, je vais à Lyon, au GeekTouch Festival. Avec mes trois décors dans mon camion, soit 86 m2 au sol. Les gens peuvent interagir, toucher les costumes et poser des questions, surtout...»

Il y répond avec un débit mitraillette qui traduit son empressement à profiter de l’instant présent. « J’ai le sourire, parce que je kiffe ce que je fais. Contrairement à mon premier job dans l’hôtellerie, je n’ai pas la boule au ventre. Je crée des choses, je les développe. Et je suis à mon compte» se réjouit-il, heureux «de l’accompagnement de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat et de la CCI. En France, on a cette chance ! Parce que je suis seul pour faire la compta, les réseaux sociaux, la communication, la prospection, la fabrication, le développement de projets... Je suis maker dans l’âme. Mais chef d’entreprise, ça s’apprend. »

Le déclic au Canada

Fan de «Stargate» «à cause de mon beau-père qui squattait la télé quand la série passait » dans les années 2000, Julien a saisi sa chance en fondant Atlante Props il y a tout juste quatre ans. Le déclic professionnel, il l’a eu en 2016 au Canada, lors d’une convention «Stargate» visitée avec un ami et «en entrant dans un atelier qui avait travaillé sur «Stargate» ! Ils avaient 15-20 ans de métier...» Au début, il conçoit des répliques : « Je prenais un objet, je faisais un moule, tirage, peinture. Puis j’ai réalisé des présentoirs pour les objets originaux, en plus de la restauration. » Et aujourd’hui ? «Mon métier est le même. Je reste sur les répliques. Je fabrique aussi des décors, que j’expose sur des salons de science-fiction. » Le cinéma et l’univers des séries lui tendent les bras. «L’été dernier en Irlande, j’ai été recruté par un studio travaillant pour AMC, la chaîne qui a sorti «Breaking Bad» et «Walking Dead». J'ai passé six semaines à fabriquer les décors pour une série de science-fiction qui va sortir cette année.» Il n’en dira pas plus, étant «sous contrat de non divulgation.»

je kiffe ce que je fais, ce qui n’est pas donné à tout le monde

Il se sent bien à Villers-Bretonneux

Julien Guyard explique quand même que dans ce milieu, « il faut faire vite, bien et pas cher. Il faut un objet qui dure juste le temps du tournage. Il y a quelques années, énormément de choses étaient endommagées, comme le DHD que j'ai ici (NDLR : appareil de télécommunication de «Stargate», permettant la connexion avec les autres planètes). Je l’ai restauré et complété pour qu’il soit fonctionnel dans les expos. Les gens peuvent interagir avec. » Et le must de sa collection, c’est « le zatn’kitel, petite arme emblématique de la série, en forme de S, qui se déplie. Tous les fans connaissent. C’est l’objet phare qui se vend à la boutique. » Et après ? Pourra-t-il rester à côté d’Amiens, «à 10 km de la maison, à 1h30 de Lille et de Paris» ? «À Dublin, je me suis rendu compte que j’avais les capacités de travailler ici ! Donc l’idée serait plutôt de ramener du travail, pour aussi continuer mes projets à côté...» Comme « fabriquer une Porte des Étoiles, mais de 3 mètres de diamètre au lieu de 6, sinon il me faudrait un deuxième camion. Mon DHD, sans porte, ce n’en est pas vraiment un... J’ai trouvé sur Internet un monsieur, David Gian-Cursio (NDLR : un développeur 3D basé en Floride), qui a fait un modèle 3D magnifique. Ses fichiers sont en libre accès. J’ai imprimé en résine 3D. Je monte tout ça pour que ça aille de pair avec le DHD. Et j’ajoute un peu de lumière» dit-il, les yeux qui brillent... comme les étoiles..

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Rédaction : Léandre Leber et Vincent Delorme
Photos : Kevin Devigne

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