Luis pose sa chaise à Amiens

Nous attendons Luis devant l’école de cirque d’Amiens. Nous le voyons arriver au loin sur son vélo. Vêtu d’un blouson très coloré, reflet de sa personnalité que nous devinerons par la suite : haute en couleur ! Il nous présente son lieu d'entraînement, un ancien entrepôt reconverti en école de cirque. La baie vitrée au plafond laisse entrer quelques rayons de soleil. Il réalise quelques acrobaties sur son indéfectible “partenaire” de cirque, sa chaise en bois. “C’est le yoga qui m’a poussé à faire du cirque, j’aimais ce rapport au corps, aux autres. Je me suis entraîné tous les jours pendant un an avec une partenaire pour entrer dans des écoles de cirque en Europe, elle m’a lâché à la dernière minute. Elle avait peur de découvrir un nouveau monde, d'être perdue !” Luis a débarqué en France il y a quatre ans sans parler un mot de notre langue. Il a appris au fil des jours et des discussions la langue de Molière. Aujourd’hui il tient bien l’accent picard !

“Je n’avais aucune idée de ce qu’était Amiens, mais c’est la seule école de cirque qui m’a accepté !" Le natif du Mexique a dû s'adapter à la vie amiénoise, agréablement surpris par la richesse culturelle et la gentillesse des habitants : “Amiens est une petite ville mais il y a une énorme variété de lieux culturels et d’endroits pour pratiquer les arts, on ne retrouve pas ça au Mexique. Je me suis rapidement fait des amis !” Très curieux, Luis a à cœur de se fondre dans la société amiénoise et d’y acquérir tous les codes. Il se passionne pour l’histoire et la culture de la ville, il connaît tous les villages aux alentours d’Amiens ! “J’avais lu Jules Verne au Mexique, je ne savais même pas qu’il était français, encore moins Amiénois ! Ça me rend fier d’habiter la ville où ce grand homme a vécu". Luis s’est aussi acclimaté à notre riche gastronomie : “j’adore votre cuisine, surtout le fromage !” Il regrette néanmoins quelques aspects culturels propres à son pays :  “les gens t'accueillent à bras ouverts chez eux même s'ils ne te connaissent pas, il y a une certaine chaleur humaine qu’on retrouve moins en France”.

L’année dernière, Luis a subi un grave accident à vélo. “Les médecins avaient prédit que je resterai longtemps à l'hôpital, finalement je suis sorti au bout de trois mois.” Un accident qui a laissé l'équilibriste huit jours dans le coma. Au réveil, ce fut un choc pour le néo-Amiénois “Toute la partie droite de mon corps était paralysée, je titubais”. Il voyait alors son rêve de vivre du cirque s'éloigner au fil des jours… C’était sans compter la détermination de fer de Luis et ses valeurs qu’il ne renierait pour rien au monde. Il a acquis à travers son parcours de hockeyeur pour l'équipe nationale du Mexique une combativité sans faille : “quand tu veux quelque chose, il faut que tu te donnes tous les moyens pour y arriver”. Après quelques mois de rééducation, Luis est remis sur pied. 
Aujourd’hui, il croque la vie à pleines dents, accompagné de sa chaise d'équilibriste ! Touche-à-tout, il a l’ambition de monter un spectacle qui regrouperait différents arts tels que le cirque, le théâtre, la peinture ou encore la poésie.  Soyez attentif, (parfois) vous pourriez le croiser, en équilibre sur sa chaise, comme sur le fil de la vie qu’il aime “amiénoise”.

Rédaction
Ryad Hammoud

Photos
Kevin Devigne