Rencontre avec Rodolphe

Depuis qu’il est petit, Rodolphe crayonne. Après l’école, alors qu’il est seul à la maison, iI dessine pour s’occuper. « La télé a été ma meilleure amie » se souvient-il. Illuminé par les dessins animés qu’il regarde, il griffonne à main levée des choses simples. Puis, avec le temps, l'imagination se fait plus claire, le trait plus sûr. Le dessin devient plus qu’un passe-temps. Une passion. 
 
C’est le sort des artistes : la passion vient, puis s’enfuit parfois quelque temps. Difficile d’être créatif sur le long terme et de produire en continu.

Rodolphe fait partie de ceux-là. Après une longue pause avec ses crayons, il replonge dans sa passion il y a sept ans. Et, celle-ci a évolué. Son talent aussi. Il abandonne le papier et se met à l’utilisation d’outils numériques. Ce sont ces nouvelles techniques qui l’ont conduit à réaliser des dessins dits vectoriels. 
 
Que ce soit à l’aide d’un crayon de papier ou d’outils numériques, le plus important pour Rodolphe est la finalité. Il explique : « Je suis parvenu à transposer sur ordinateur ce que je dessinais sur le papier. Grâce au numérique, j’ai même l’impression que je me suis amélioré ».  Même si le volet technique et l'adaptation de l’outil lui ont semblé pénibles, il espère toujours retranscrire des émotions.

Passionné de sports américains comme le football et le basket, Rodolphe dessine d’abord autour de cette thématique. Il est aussi passionné de portrait, notamment minimaliste. Il réalise même quelques partenariats notamment avec Gazette Sports, un site d’information sportive locale. Il réalise pour l’enseigne digitale une charte graphique complète et un logo. 
 
Son inspiration paraît infinie. Sensible à ce qui l’entoure, à la dimension locale, au territoire vécu, Rodolphe concentre son attention sur son point d'ancrage : Amiens. Par ses yeux, la métropole se fait singulière. Une ville à la campagne. En ça, il rejoint Jules Verne. Pour Rodolphe, Amiens, ses personnages et son architecture ont été (et sont) visionnaires. 
 
Ce sont notamment ses attraits qui ont conduit Rodolphe à créer une série de 4 illustrations sur Jules Verne et sa ville de cœur.

Plusieurs mois post réalisation, c’est toujours avec grand enthousiasme que Rodolphe raconte ses illustrations. «  J’y ai travaillé un petit peu chaque jour. Parfois une petite demi-heure, parfois un peu les week-ends. » Il a pris plaisir à les réaliser pas à pas, jour après jour. Finalement, c’est comme cela que les choses avancent le plus vite. 
 
Des illustrations très différentes les unes des autres dans lesquelles Rodolphe s’amuse et joue avec les couleurs. Pour la skyline, son choix de couleur s’est tourné vers des teintes chaudes. En décalage avec Amiens, il souhaite faire ressortir un univers tropical. Le tyrannosaure envahit l’espace tel le danger permanent de l'Île Mystérieuse.  L’utilisation de  tons orangés n’est pas non plus sans rappeler la Tour Perret éclairée le soir…
 
Autre œuvre, autre ambiance, Rodolphe nous envole vers le littoral picard. On y voit une dune et une pieuvre très emblématique de l’univers de Jules Verne : Octopus. La nuit qui tombe est aussi suggérée grâce à la lune. Les teintes sont cette fois plus froides, bleutées par la présence de la mer. 
 
Modernité du dessin et classicisme de la représentation des fonds marins de Jules Verne. Un pari réussi. Dans une troisième illustration, l’artiste nous emporte sous les mers. Un scaphandre est illustré. Dans sa visière, on devine le Nautilus. Les couleurs jaune et vert sont complémentaires. On peut aussi retrouver une touche de rose tirée de la pieuvre présente dans l'œuvre précédente. 
 
Enfin, la dernière illustration représente Jules Verne. Un portrait. Minimaliste. Un Jules Verne contemporain transposé à notre époque : hipster, cigare, barbe et coiffure irréprochable. Encore une fois, la lune. Symbole récurrent dans ces quatre illustrations et référence au roman de Jules Verne De la Terre à la Lune. 
 
« Dessiner Amiens dans des contextes différents, ça m’amuse » avoue Rodolphe. Depuis qu’il a finalisé cette série d’illustrations, il n’a pas dessiné. Le dessin reste pour lui une forme d’exutoire du quotidien. 
« Parler de mes œuvres et savoir que désormais elles vont vivre, c’est émouvant ».

Rédaction : Cléa Ivain

Photos : Elie Leber