Sans titre 11

Dans les coulisses de la campagne PNJ pour Ubisoft

Le 04/04/2022 0

Dans Rencontre

« Premier jour à l’agence DDB, premier brief client. On nous consulte pour le lancement de la nouvelle version du jeu vidéo Assassin’s Creed, la licence la plus importante pour Ubisoft. Grosse pression, d’autant que nous sommes la seule team créative à travailler sur ce cas. Un joli baptême du feu. Pendant un mois, on a proposé des idées, toutes rejetées. Et un vendredi soir, juste avant de quitter l’agence, on lance une idée, une sorte de « Vis ma vie de PNJ ».

Les PNJ ce sont les personnages non-jouables, des sortes de figurants de jeux vidéo. On veut leur donner la parole. Le jeu se passe en Grèce Antique, berceau de la démocratie, il y a une sorte de logique. Reste à transformer cette idée en campagne.

On obtient le jeu en exclusivité, avant sa sortie. Il est installé sur un ordinateur dans une pièce fermée J’ai une clé d’autorisation qui m’autorise à accéder à l’intégralité du jeu. Je peux me déplacer partout, voir tous les personnages. J’ai commencé un repérage comme pour un film. Il fallait trouver des lieux, des lumières, des personnages… Ensuite, il nous a fallu bâtir des scènes, jouer les personnages en motion capture, enregistrer les voix.

Le résultat, c’est une série de courtes animations dans la veine des stories de réseaux sociaux. Des personnages se mettent en scène, commentent leur statut de PNJ, maltraités par les joueurs… On joue avec les codes, on crée un décalage entre la Grèce Antique et l’époque moderne. On essaye d’être drôle.

Petit truc en plus, alors qu’on finissait les calages et on s’est dit : « ça pourrait être sympa de faire un rap. » On s’est lancé dans l’histoire d’un spartiate qui se plaint de sa condition de PNJ, on a créé la scène, ajouté pas mal de motion capture et confié le rap à un ancien DA de l’agence.

Ubisoft a annulé la campagne, le jeu se vendait vraiment bien. Ils ont juste gardé cette campagne de lancement pour le monde entier. On a créé des kits dans lesquels chaque pays piochait ce qu’il voulait. Les scènes ont été traduites, doublées ou sous-titrées dans pas mal de langues.

Au final, cette première campagne chez DDB nous a valu pas mal de récompenses, dont une aux USA. Elle nous a surtout apporté nos premières nominations au Festival de la créativité à Cannes. On est reparti avec 4 lions, dont 2 en or ! »

Julien Beuvry récompenses

Rédaction : Vincent Trelcat

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