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L'Abbaye de Saint-Riquier ouvre ses portes à l'art urbain

Le 28/06/2022 0

Dans Tourisme

Depuis le 27 mars, l’Abbaye Royale de Saint-Riquier accueille l’exposition «Transition - Les Portes». 140 portes, provenant d’un bâtiment HLM abbevillois détruit en 2021 y sont exposées. La manifestation artistique mettant en avant les cultures urbaines prend place jusqu’au 18 septembre.

Retour en mai 2021. Un bâtiment du quartier du Soleil Levant à Abbeville est voué à disparaître. L’édifice est alors réquisitionné par un groupe de street-artistes du collectif Curb en partenariat avec le Secours Populaire et la ville. Le groupe se lance un pari osé : investir, à travers l’art urbain, ce lieu éphémère en mettant en avant les richesses et les habitants de ce quartier. Pendant 3 mois, l’édifice devient alors un musée où 75 artistes de renommée nationale et internationale mettent la culture urbaine à l’honneur. Pas moins de 21 000 curieux sont venus voir cette exposition d’un genre nouveau.

Finalement, la destruction du bâtiment n’a pas signé la fin du projet, ce n’était même que le début. En amont, le collectif a récupéré 160 portes afin de les transformer en œuvre d’art, faisant ainsi naître l’idée d’une exhibition autour de ces vestiges de l’immeuble du Soleil Levant : « Transition - Les Portes ».

Le choix de l’Abbaye

Certaines portes ont fait le tour du monde (Royaume-Uni, Espagne, Pays-Bas, Etats-Unis, Brésil...) avant de revenir dans la Somme et d’atterrir dans la prestigieuse Abbaye. 120 artistes ont été contactés afin de transformer ces portes en œuvres d’art.

Le lieu n’a pas été choisi au hasard. La thématique de la transition ne pouvait pas trouver meilleur endroit pour s'exprimer. «L’idée de l’exposition est de créer un dialogue entre le passé et le présent.Faire entrer l’art actuel dans un lieu chargé d’histoire» explique Yann Colignon, directeur de l’association Curb et commissaire de l’exposition. La modernité de l’art urbain vient se mêler aux murs multiséculaires de l’une des plus belles constructions du Moyen-Age.

Une porte peut en cacher une autre

Les artistes ont eu carte blanche pour travailler ce matériau. «Ils avaient une totale liberté de création. Tant dans le choix du format, que dans la production artistique. Certains ont utilisé des techniques de collage comme l’artiste Bird. D’autres ont décidé de détruire une partie de la porte... On retrouve tous types de pratique : bombe, acrylique, huile, mine de plomb, posca, utilisation de la gouge... Parmi les artistes il y a un tatoueur qui a décidé de tatouer sa porte ! » indique Yann Colignon. Toutes les œuvres disposent d’un pupitre avec leur nom et celui des artistes. Des QR code vous permettront également d’en apprendre plus sur les créateurs.

Chaque porte a sa patte, elles sont toutes aussi surprenantes les unes que les autres. La variété stylistique est de mise. L’artiste français Christian Migeon a par exemple incrusté des rondins de bois dans sa porte donnant ainsi un effet de relief et une œuvre tout à fait atypique. Le célèbre artiste graffeur new-yorkais JonOne est aussi de la partie et nous offre une porte subtilement graffée, rappelant les vitraux d’église.

« JonOne est un des artistes les plus influents de la scène street-art. Il a notamment revisité La Liberté guidant le peuple, son tableau habille les murs de l’Assemblée Nationale» souligne Yann Colignon.

Certains artistes ont préféré travailler sur une face, d’autres en format paysage ou en recto-verso. «L’idée est de créer un cheminement en rapport aux styles des créateurs. La difficulté a été de gérer l’espace. Une porte recto-verso ne se regarde pas de la même manière que si elle est travaillée sur une seule face. Certaines œuvres se répondent, d'autres s'opposent.» ajoute Yann Colignon.

Une exposition caritative

S'associant au Secours Populaire, cette manifestation artistique s’inscrit dans une démarche caritative. «Toutes les portes sont en vente, nous en avons déjà vendu une trentaine. Les profits réalisés seront reversés au Secours Populaire et permettront de financer des vacances aux enfants du quartier du Soleil Levant d’Abbeville» explique
le directeur de Curb.

La destruction du bâtiment du Soleil Levant n’était donc pas synonyme de porte fermée. Au contraire, cet événement en a ouvert une immense. Celle de l’art. De l’art dans toute sa diversité et son universalité. Chaque œuvre est une invitation au voyage dans l’univers des artistes. Ouvrir une porte pour s'émerveiller.


Passez le porche de l’Abbaye Royale de Saint-Riquier pour découvrir cette exposition mais aussi toutes les pépites qu’offre ce lieu à l'atmosphère unique.

 

Exposition “Transition - Les Portes” à l’Abbaye Royale de Saint-Riquier (Somme), jusqu’au 18 septembre. Ouverture du lundi au samedi de 10h à 12 h et de 14 à 18 h. Entrée : 2 €.

Rédaction : Ryad Hammoud
Photos : Léandre Leber

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